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C’est le temps de Noël, un moment dans l’année où on partage dans l’espace public des idéaux communs d’entraide et d’amour. C’est un temps de réjouissances où on se dit comment il serait doux de ressentir une véritable solidarité entre nous. Mais, en même temps qu’on célèbre l’entraide et l’amour du prochain en donnant aux grandes guignolées, la haine prend une place démesurée dans l’espace médiatique. Moins de deux semaines avant Noël, une fausse information concernant des mosquées montréalaises a déclenché une énième controverse impliquant des musulmans.

Rapporter des faussetés est une grave erreur qui a été abondamment dénoncée. Mais cette histoire est d’autant plus troublante qu’elle témoigne d’un climat volatile où on croit facilement, et sans trop se poser de questions, que des musulmans demandent l’exclusion des femmes d’un chantier de construction aux abords d’une mosquée lors de la prière du vendredi, alors que c’est absolument faux. C’est un symptôme de débats publics polarisés qui mènent plus souvent qu’autrement à la haine, à la désinformation et la confrontation. C’est le propre d’un journalisme qui carbure au sensationnalisme et qui cherche des histoires provocantes à tout prix. Les journalistes doivent prendre une part de responsabilité pour cette ambiance malsaine, où les esprits s’enflamment rapidement et où l’ignorance est prédominante.

Ce que les journalistes décident d’ignorer, tout comme ce qu’ils décident de dire, peut avoir une influence majeure sur la façon dont sont traitées les grandes questions sociales.

Plusieurs journalistes, comme de nombreux citoyens, croient de bon ton d’étaler publiquement le plus grand dédain envers la religion. Pourtant, il est du devoir du journaliste d’observer la réalité et de rapporter ce qu’il voit, sans préjugé. Qui s’informe vraiment sur la nouvelle réalité religieuse du Québec? Qui essaie de comprendre le phénomène religieux tel qu’il est vécu, dans toute sa complexité? Qui tente de rapporter adéquatement les différentes compréhensions du monde du croyant et de l’incroyant? Qui explore la multiplicité des appartenances religieuses? L’attitude prédominante qui ridiculise le croyant, comme s’il avait perdu la faculté de raisonner, me semble d’une arrogance absolument dangereuse et d’une incurie déplorable.

Il est vrai que les grandes religions sont en déclin et que leur nom a été entaché par d’abominables atrocités. La désillusion envers les religions n’est pas sans fondement. Il est aussi vrai que la société québécoise a été marquée par ce qu’on pourrait qualifier de traumatisme religieux. Les Québécois ont collectivement rejeté l’église catholique dans l’espoir d’avancer libres des contraintes imposées par des dogmes éculés. Par contre, j’ai parfois l’impression que ces dogmes ont été remplacés par d’autres qui ont catégorisé tout ce qui a trait à la religion du côté des imbécillités.

La pensée doit être libre de circuler et d’explorer une multitude de perspectives. Les affaires religieuses auraient intérêt à être examinées avec rigueur et selon la méthode scientifique qui nous enjoint de modifier et reformuler nos hypothèses après l’observation et la vérification de nouvelles données. Il faut savoir chercher des réponses dans toutes les directions. Le progrès n’arrive jamais lorsqu’on se complait dans une pensée stagnante. « La vie commence là où notre zone de confort se termine », voilà une pensée entendue à la radio il y a quelques semaines et qui m’a fait bien réfléchir.

Quel est l’enjeu nous sortant le plus de notre zone de confort si ce n’est la question de la religion?

Il s’agit d’un point de tension explosif dans la société, que ce soit au Québec ou ailleurs dans le monde. Alors que la religion est omniprésente dans l’espace public, c’est un sujet qui nous met collectivement dans l’embarras. Au Québec, le mot religion est presque tabou. C’est un mot qui installe souvent un malaise dans la conversation, qui inspire parfois la crainte ou qui est l’objet de la plus grande incompréhension. Et si on essayait justement de mieux comprendre?

Voilà pourquoi j’ai décidé de créer un espace qui permette de réfléchir à ces questions dans l’espace public avec nuance et subtilité. Avec ce projet, que j’ai appelé Projet du monde, je me propose de mettre en pratique un journalisme qui rapportera différentes opinions et perspectives sur la religion ainsi que ses liens avec la spiritualité. J’ai l’intention de vulgariser la recherche académique sur ces sujets, qui foisonne dans une multitude de disciplines telles que la sociologie, l’histoire, la philosophie et bien sûr les sciences des religions. Je veux également raconter des histoires personnelles provenant d’une diversité de vécus.

Cette période de Noël me semblait le moment parfait pour lancer ce genre de discussion. La fête de Noël est un élément fondateur de la pensée québécoise, de son identité culturelle et de son imaginaire social. À la base d’un temps des Fêtes agréable se trouve cette pensée d’origine religieuse : « Aimez-vous les uns les autres ».

L’amour est une force qui lie les gens ensemble et qui a le pouvoir de dénouer des situations explosives.

J’ai envie d’apprendre à utiliser cette force pour vaincre la haine, les préjugés, l’ignorance, l’apathie et l’indifférence qui nous entourent. En effet, comment combattre une pensée de haine si ce n’est par une plus forte pensée d’amour?

Pour Noël, je nous invite donc à sortir un peu de notre zone de confort en puisant dans le potentiel d’amour envers l’humanité qui gît au fond de chacun de nos cœurs. Il nous faudra apprendre à faire fi des barrières de religion, de race, d’ethnie, de langue. J’ai espoir que les gens puissent créer de véritables liens entre eux, qu’ils soient musulmans, catholiques, athées ou peu importe.

Ce projet journalistique est une expérimentation sociale et une tentative d’élever le niveau des discussions dans l’espace public. Si le cœur vous en dit, vous pouvez vous joindre à la conversation en vous abonnant au Projet du monde.

2 Comments

  • Yue dit :

    Quel beau projet! Quelle ambition! Je suis bien d’accord que l’amour est tres puissante, et je pense qu’avec l’amour dans le coeur, ton projet va etre tres interessant.

  • Damien dit :

    Un beau projet rassembleur et plein d’espoir, j’embarque dans ce processus d’échanges constructifs qui pourrait nous conduire vers une société plus inclusive et harmonieuse.